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Fiscalité : quel est son impact réel sur la croissance ?

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"Read my lips : no new taxes", disait George Bush en 1988. (AP Photo/Scott Applewhite)

Le débat n'est pas tranché et cristallise particulièrement les oppositions entre programmes démocrate et républicain. Du côté des démocrates, le programme budgétaire laisse la porte ouverte à une hausse de la taxation des hauts revenus, tandis que les républicains, sans surprise, comptent sur les baisses d'impôt pour relancer la machine à produire américain.

Mais qu'en est-il concrètement ? Auquel des deux camps les courbes du PIB donnent-elles raison ? Peut-on réellement isoler un lien de causalité entre le niveau de taxation de l'économie et la croissance ?

Plusieurs think tanks ont tenté de mettre en évidence des parallèles : la Brookings Institution, vénérable institution washingtonienne de centre-gauche, avait démontré en mars que la taxation du capital n'avait que peu d'effet, à la hausse comme à la baisse, sur le dynamisme économique.

Pour le chef du bureau du New York Times à Washington, la corrélation n'est pas celle que l'on croit, et un projet fiscal ne contient pas forcément en lui un projet de croissance.

Si l'on s'intéresse aux courbes de la croissance sur plusieurs décennies, écrivait-il ce week-end, on s'aperçoit vite que les années précédant le début de la crise, fin 2007, témoignent déjà d'une perte de vitesse de l'économie américaine, après des années 90 marquées par une prospérité propre à rendre n'importe quel Américain nostalgique.

Et pourtant, les années 90 sont marquées par des hausses d'impôt votées à la fois sous les présidences de George Bush Senior et Bill Clinton. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le niveau de croissance des années suivantes n'en a pas pâti, bien au contraire. A l'inverse, l'arrivée de George W. Bush au pouvoir en 2001 s'est immédiatement traduite par des réductions d'impôt, régulièrement reconduites depuis, mais qui n'ont produit qu'une croissance molle et peu créatrice d'emploi, jusqu'au krach financier de 2008, le pire depuis 1929.

Pour Paul Ryan, candidat républicain à la vice-présidence, cité par David Leonhardt, "il s'agit plus d'une question de timing que de personne" : "Clinton a bénéficié du boom de productivité lié à la technologie, qui a été énorme. Les barrières douanières ont baissé sous Clinton (notamment grâce à la signature de l'ALENA avec le Mexique et le Canada). Il a bénéficié des dividendes de la paix".

George W. Bush n'a pas eu cette chance, lui, qui a dû affronter l'éclatement de la bulle Internet, le 11-Septembre, deux guerres et la crise financière. Mais sans les coupes fiscales de George W. Bush, la décennie aurait été pire, argue Paul Ryan. Un raisonnement simpliste qui a l'avantage de s'adapter à tous les discours.

Pour Leonhardt, cette querelle est sans fin et masque peut-être le noyau dur de la question fiscale : le niveau de taxation actuel est sans doute trop faible pour que des coupes, même si elles semblent importantes, ne jouent réellement sur la croissance. Citant le directeur du Tax Policy Center (qui fit partie du gouvernement Bush), Leonhardt souligne qu'à l'époque où le taux maximal d'imposition sur le revenu avoisinait les 70 %  - c'est-à-dire des années 40 jusqu'à 1980 environ -, des coupes claires pouvaient faire la différence. Aujourd'hui, à 35 % d'imposition au maximum, le choc économique est moins efficace.

Un rapport des services de recherche du Congrès, publié vendredi 14 septembre et très largement repris dans la presse américaine, y compris dans l'article de David Leonhardt, démontre à ce titre qu'il est impossible d'isoler avec certitude une corrélation entre des modifications du taux maximum d'imposition et la croissance économique sur les soixante dernières années.

Non seulement une réduction de la pression fiscale n'a qu'un effet très incertain sur la croissance si l'on en croit les courbes de long terme, mais en outre, en diminuant les recettes de l'Etat, elles menacent des domaines - tels la recherche, l'éducation, les infrastructures - qui ont prouvé à de maintes reprises leur capacité à produire de la croissance, conclut Leonhardt.

Audrey Fournier


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